Philae : 1an aujourd’hui : Réveil espéré pour l’anniversaire
Le 12 novembre 2014, Philae se posait sur une comète à 510 millions de kilomètres de la Terre. Le petit robot, muet depuis juillet 2015, pourrait donner de ses nouvelles à l’approche de la date anniversaire.
Mission la plus ambitieuse jamais réalisée par l’agence spatiale européenne (ESA), Rosetta n’en finit pas de tenir la communauté scientifique en haleine. A Toulouse, toute l’attention se porte sur Philae, premier robot envoyé sur une comète et veillé par les ingénieurs du CNES (centre national d’études spatiales). Muet depuis sa courte communication (12 minutes) du 9 juillet dernier, Philae pourrait donner de ses nouvelles. À quelques jours du premier anniversaire de son atterrissage sur la comète Tchouri, c’est tout ce qu’espèrent les ingénieurs du SONC, le centre d’opérations scientifiques et de navigation. «Nous sommes déjà à l’écoute depuis un mois mais nous savons que tant que l’orbiteur Rosetta est, comme aujourd’hui (vendredi, ndlr) à plus de 200 kilomètres d’altitude, les chances sont nulles », explique Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au CNES. «Tous les espoirs sont quand même permis pour la date anniversaire : Rosetta passera sous la barre des 200 kilomètres de distance avec Philae ce week-end. A partir du 10 novembre, nos ordinateurs seront en veille 24 heures sur 24. Reste à espérer que Philae n’a pas souffert depuis notre dernière communication », complète Cédric Delmas, co-responsable des opérations au SONC.
Radios et photos
Même sans contact avec son atterrisseur, le SONC reste actif. Les calculs et les prédictions s’enchaînent. Il faut être prêt à lancer des opérations scientifiques si Philae se réveille. Dans la meilleure hypothèse, le robot pourra étudier la poussière qui s’est déposée sur ses instruments, réaliser une radiographie de la comète en envoyant des ondes à travers son noyau et, grâce aux caméras étudier l’environnement autour de lui. «Ce sont les priorités scientifiques sur lesquelles nous travaillons depuis deux semaines. Si ces activités ne sont pas réalisables, nous nous tournerons vers des opérations moins risquées de mesures de température, du champ magnétique ou des analyses de gaz. Les données pourront être comparées avec celles récoltées lors de la première phase », complète l’autre responsable des opérations Vivien Lafaille. Les activités les plus ambitieuses, dont un forage, ne sont pour l’instant pas d’actualité. «En microgravité, tout mouvement est risqué », glisse Cédric Delmas.
Coincé dans un recoin sombre après son atterrissage raté, Philae n’a pas encore dit son dernier mot. S’il n’est pas endommagé et si l’orbiteur reste à bonne distance, la quantité d’énergie qu’il reçoit actuellement sur la comète pourrait lui permettre de travailler jusqu’en février 2016.
«Le 12 novembre 2014 : notre petit Apollo»
Autour de la table de réunion, l’impression 3D de la comète trône en bonne place. Tournée, retournée depuis un an, «Tchouri» (Churyumov Gerassimenko, dite aussi 67 P) n’a presque plus de secrets pour les ingénieurs du SONC, le centre d’opérations scientifiques et de navigation de Philae installé au centre spatial de Toulouse. «Autour de la zone d’atterrissage de Philae, on connaît tous les rochers, on a analysé les falaises, les zones d’ombre », explique Eric Jurado, responsable Navigation au SONC, le volet mécanique spatiale de la mission. Ce dernier quittera prochainement l’équipe pour d’autres aventures spatiales. Mais Rosetta restera «La» mission dont il fallait être.
Le 12 novembre 2014, jour de l’atterrissage du petit robot Philae sur la comète, Eric Jurado se rappelle avoir eu des doutes jusqu’au bout. «Il y avait tellement d’inconnues, je n’étais vraiment pas optimiste. Il y avait même des paris disant qu’on allait s’enfoncer dans la comète. Quand on a reçu un contact, c’était énorme. J’ai fait pas mal de lancements, mais là, c’est notre petit Apollo ! ».
«Moi, j’y ai toujours cru », ose Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au CNES qu’on sent heureux de replonger dans les ordinateurs à l’approche de la date anniversaire de l’atterrissage. «C’est une mission dans laquelle nous avons toujours travaillé par à-coups. Les surprises peuvent encore être au rendez-vous », sourit l’ingénieur.
Un an après l’atterrissage, les souvenirs sont encore là. «J’ai l’impression que c’était hier. Cette journée nous a un peu échappé, nous étions dans notre bulle, le nez dans le guidon », glisse Cédric Delmas, co-responsable des opérations au SONC, un œil toujours sur les calculs et prédictions pour les prochains jours. «Nous avons vécu l’atterrissage de façon opérationnelle et exaltante mais là, dans l’attente d’un contact, nous sommes encore plus dans l’inconnu. Je trouve que c’est plus difficile à vivre. », confie Vivien Lafaille, l’autre responsable des opérations. Plus concentrés que tendus, les membres du SONC sont prêts à remettre les ordinateurs en route 24 heures sur 24, à se relayer dans les astreintes, à passer Noël en lien avec Philae et à imaginer tous les scénarios pour une fin de mission qui risque encore de les tenir en haleine jusqu’en septembre 2016, date à laquelle l’orbiteur Rosetta finira sa vie sur la comète.
Derniers jours pour voir la maquette
Pour le premier anniversaire de l’atterrissage du robot Philae sur la comète Tchouri, la Cité de l’espace a programmé pour ses visiteurs deux animations autour de la maquette Philae grandeur réelle (dans le Hall de l’Astralia) le 12 novembre, à 14 heures et à 15 h 30 (durée de 15 minutes). Ce sera la dernière occasion de voir le robot Philae grandeur nature à la Cité de l’espace. La maquette va rejoindre une nouvelle exposition itinérante, créée par la Cité de l’espace, qui débutera notamment près de Lyon au Planétarium de Vaux en Velin le 9 janvier 2016.